Entre Deux Mondes Olivier Norek
Le Pitch : dans un endroit où la loi ne s’applique plus vraiment: la jungle de calais, Adam et Bastien deux inspecteurs de pays différents, avec des problèmes de famille différents s’unissent pour sauver un enfant muet et faire que, dans la jungle de Calais, quelque chose de bon, de bien, ressorte de l’horreur absolue.
My opinion :
Dans ce nouveau polar d’Olivier Norek, on ne retrouve pas Victor Costes son policier habituel mais Bastien, capitaine nouvellement muté au commissariat de Calais pour que sa famille respire et surmonte un deuil ainsi que la dépression de son épouse. Il se rend vite compte qu’il n’est pas arrivé dans un commissariat banal parce que qui dit Calais dit la Jungle et les migrants. Il se sent un peu déboussolé au départ puis rencontre Adam un ancien membre de la résistance syrienne mais aussi ancien capitaine de la police de Bachar. Adam a pris un enfant « esclave » sous son aile et attend désespérément sa famille qui s’est enfuie par un autre chemin que lui.
Ce roman n’est pas qu’un excellent policier comme toujours avec Norek, c’est aussi une description déchirante de la jungle de Calais, de la condition des migrants et des risques qu’ils courent pour venir en Europe. Le jeune garçon devenu muet (je ne divulgue pas pourquoi et comment) et esclave sexuel nous donne simplement envie d’être des humains et de laisser parler notre cœur et nos tripes. Nous avons juste envie de faire notre possible pour le sauver lui et sauver aussi Adam.
La rencontre entre Adam et Bastien est magnifique car ils sont paumés chacun dans leur genre et très attachants, ils suscitent tous les deux beaucoup d’empathie et de compassion. La situation dans la jungle et sur les chemins de l’exil est extrêmement bien décrite et le lecteur réalise pleinement pourquoi cette Jungle rime aussi avec loi de la jungle justement.
Vous vous doutez bien que tout ne va pas être bien qui finit bien, Norek est trop bon et trop réaliste pour nous inventer une fin qui, malgré notre envie, serait complètement utopique. La fin sera aussi dure que le reste du livre et laissera au lecteur quelques fantômes et surtout une constatation : je ne pourrais pas dire que je ne savais pas et qu’ai-je fait ? Le réalisme sans aucune concession à notre petit confort douillet d’Olivier Norek nous frappe et ne nous laisse pas indemnes. Je crois qu’il a passé beaucoup de temps dans la Jungle justement avec les associations humanitaires et cela se sent car certains passages tiennent malheureusement plus du reportage et du témoignage que du roman.
Encore un coup de maître d’Olivier Norek et une lecture qui devrait être déclarée d’intérêt public surtout pour ceux qui sont tentés par le repli identitaire et le rejet de l’autre. Vous pleurerez et vous hurlerez par instant devant tant d’horreurs et d’injustices mais je conseille fortement ce récit qui ne vous laissera pas indifférent et qui, heureusement, se termine par de l'espoir, la plus belle chose du monde.